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La folle
poezii [ ]

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di [Jeanne_Neis_Nabert ]

2015-01-31  | [Aestu textŭ lipseashti s-hibâ dghivâsitŭ tu francais]    |  Ânyrâpsitŭ tu bibliotecâ di Guy Rancourt




Quand elle s’inclinait au bord des eaux dormantes
Pour mirer son visage ou moissonner des fleurs,
Elle avait la beauté des lointaines amantes
Aux yeux toujours emplis de rêves ou de pleurs.

-Sans ailes, frissonnant, tombé de son asile
Un oiselet craintif gisait sur le sentier ;
Et la mort s’emparait du pauvre être fragile
Que ne soutenait plus la branche d’églantier.

Mais la femme le vit étendu sur la mousse
Et le prit en sa main pour le poser au nid ;
Tandis que d’une voix pitoyable et très douce
Elle dit en rêvant : Dormez, pauvre petit ! -

Le vent qui s’embaumait baisait sa tresse blonde
Et faisait palpiter les cimes des rameaux ;
Le soleil matinal tombant des Cieux sur l’onde,
Dans le lac éveillé caressait les roseaux.

-Un enfant reposait sur les berges désertes,
Les mains pleines de fleurs et de fruits savoureux
Dont il avait rougi ses lèvres entr’ouvertes,
Avant de s’endormir, enfin, lassé des jeux.

Elle vint… s’attendrit devant cette innocence,
Et sans le réveiller l’attira dans ses bras,
Avec ces mots divins qu’on murmure à l’enfance
Qui bercent le sommeil et ne le troublent pas.

Comme Il était tout seul, abandonné, la Folle
Craignant que le soleil ne lui rouvrit les yeux,
Le glissa doucement sous l’eau tranquille et molle,
Tandis que dans son nid, l’oiseau chantait joyeux ! -

Brest, 1901

(Jeanne Neis Nabert, alias Sijenna, Humble moisson, 1903, pp. 74-75)

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