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Le septième poème secret
poezii [ ]

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di [Guillaume_APOLLINAIRE ]

2009-02-28  | [Aestu textŭ lipseashti s-hibâ dghivâsitŭ tu francais]    |  Ânyrâpsitŭ tu bibliotecâ di Guy Rancourt



Une grande ardeur en moi
Une grande mollesse ardente en toi
Tu ouvres délicieusement toutes les portes
Je me déguise et je t’emprunte des moustaches et la barbe
Ta toison
Je m’arme de la langue et je creuse un délicieux sentier
Dans la forêt vierge
Madeleine est une jeune bergère
Qui paît le blanc troupeau des brebis de son corps
Madeleine est une jeune bergère d’une merveilleuse beauté
Ses seins sont d’adorables proues
Deux vaisseaux cuirassés qui seront mon escadre
Ma langue est le mineur qui fouille
Dans la mine de houille
Ta toison
J’adore les livres rouges
Gondoles de parade
Qui larguent leurs amarres tressées comme les cheveux noirs
Tes cheveux
Tes cheveux qui sont le crépuscule de toutes les beautés
Et il ne demeure que la tienne
Naviguons sur les yeux de sinople
Il s’y jette les fleuves des veines bleues de la chair si noble
J’adore la source divine qui sourd
Sous
Ta toison
Ma langue sens ma langue
Elle te préparera à l’étreinte profonde
Le soc de la charrue creusera le sillon
Je t’adore mon amour
Entends chanter ô Madeleine pâmée
Entends chanter et rechanter
Le rossignol caché
Le froid revient le froid terrible
Sous les toiles tentes
Et je t’écris mon poème que je chante en l’écrivant
Et je t’écris couché par terre
Le froid revient, le froid sans feu
Car on n’a pas de bois
Je t’adore mon amour, je suis heureux par toi
Et je prends tous les trésors
De ton corps
Dans une immense caresse
Qui fait surgir dans l’hiver une liesse
De tout printemps
Le Lys la Rose
Sous ma caresse


(Guillaume Apollinaire, Poèmes à Madeleine, 1952)

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